Même que cette nuit j'ai rêvé que plein plein d'gens s'entrainaient à s'battre. Tous synchronisés. Même que cette nuit j'ai rêvé qu'j'avais peur. Même que cette nuit j'ai rêvé qu'on m'abendonnait et que j'tenais bon, et que j'avais si mal aux mains. Même qu'une nuit j'ai rêvé d'une histoire, d'un p'tit garçon, qui fuyait.


Toute petite, toute petite, tout petite fille. Ravale ta langue et donne moi tes yeux, je f'rai une belle salade jaune arc-en-ciel, de tes lobes, et de toutes ces couleurs sur ton faciès, ce visage que j'ai ceuillis trop de fois bien trop morne et morose. Mots roses abimés. Lobes, globes oculaires, la Terre est ronde et le cerveau triangulaire. On glisse, on se dissout et on se répend. Je m'imbibe.
Même qu'on a froid et qu'les ours nous bouffent et nous ouvrent même plus les bras. On changera nos orteils en rat et on les grignotera. A l'apéritif juste avant le grand, trés grand plat. Quand les esprits croient s'élever, mais, tu sais, s'enterrent derrière l'ivresse qui nous enlace, et qu'on embrasse. Et plus si affinitée. J'te f'rai un collier d'mon estomac qu'on barbouille d'illusion éphémère, gravées à même l'organe, qui fait des bulles et tourbillonne. Eh dis, eh dis, si on tombe, tu t'relèveras sans moi, hein ? Dis, dis, il le faut, fais moi plaisir, même si. Même si j'en ai les yeux tout bousillés.

  
Même que j'ai des arrêtes sous la peau de mes mains. Et même, et m'aimes si tu peux, je te baverais ma bile qui pousse un peu trop haut, vole un peu trop bas, les mauvaises herbes sont là. On tombera de notre escabeau et même qu'on s'relèvera pas. Et même que des fois, appuyée sur un mur, il fond, et on s'confond, et même que j'suis couleur chaise à la fraise. Et même que les toutes petites plantes sont déjà morte dehors, on en a dévorez les fruits sans même leur demander leur histoire. Tu sais, quelle est ton histoire ? Eh dis, dis, dis moi, 10 mois plus tard qu'est c'qu'on sera ? Des épines balayées ? Un corps brisé ? Une pétale qui a trébuchée ? Ou peut être un seau inutilisé ? Et si, et si, et si j'étais ce corps, corps froid toujours, violet, un peau sordide, un peu dénudé, un peu cassé, comme une poupée qu'on n'veut pas parce qu'elle n'est pas blanche et bien coiffée, une toute petite poupée qui n'sourit même pas, tu sais. La poupée qu'on délaisse au fond du placard et qu'on n'sort pas. Ou bien juste pour en vouloir à quelqu'un.
 
Et si, et si, et si, et six ballons crevés, on s'écarquille les doigts, et même les phalanges, on espère par les genoux, et on avance avec les coudes, on élève l'espoir avec les faussettes qu'on ne possède pas, et on déçoit avec les chevilles qui ne s'articulent pas. Et le tout coloré se brise, et s'affaisse, sa fesse ne repose plus en paix sur son banc, banc, PAN, où la peinture s'écaille et où les gens s'aiment, se haïssent, s'énerve, s'apauvrissent, rient, pleurent, s'hérissent, se des laisses pour moineaux couchés qui attendent de pouvoir se promener attachés comme eux et leurs valeurs putrides.

Lasse, grasse, basse, on s'affuble d'une peau tendre qui respire irrégulièrement, et irrémédiablement sur la route qui glousse, s'écorche et se raccroche en espérant, encore, qu'on ne la chérira plus. Et tout doucement, tout, tout doucement du mauve tout doux mais bien trop rude tout de même, s'empare de mes lèvres inégales et bien lait de chèvre, il part à la conquête de tous ces creux qui parfois seulement s'étendent, mais souvent, sous vent cent raisons réelles. On plisse les cils pour regarder derrière, de loin, l'horizon qui se déploie, et tu crois vraiment qu'on marchera encore ? On traine des hanches abîmées à force de se heurter à nos rêves brisés, on chavire et nos larmes ruissèlent sur nos sourcils désordonnés qui applaudissent notre naïveté renouvellée, et dire qu'on y croyait.

Mais, surtout, comment va votre glotte ?
  
On s'habillera de guirlande, et on couvera tout ces présents qu'on confond avec ces futurs avortés, oubliés.
On.
Que dis-je ? Qui suis-je ? Mais crois-tu réellement, toute petite ? Peut-être. Eh bien peut-être. Peut-être bien. On s'apaisera en s'injectant le gris du ciel dans nos veines livides qui ne cessent de diminuer. Petits traits sur tes bras, le long de ton cou transparent on n'y voit plus le violet de ton sang. Et si j'avais des globules oranges, croyez-vous qu'en les épluchant et en extirpant le contenu, cela aura bon gût ?
 
 Gusse à gogo, et gogo à gusse, les russes nous noieront dans les sillons qui coulent le long de tes paupières, tu sais, oui tu sais, quand tu ris aux éclats de noisettes qui s'échouent sur ton ventre trop blanc, trop, bien trop blanc. Et le soleil s'infiltre dans tes oreilles et vient tambouriner à ton tympan du haut septième à gauche. Et je ferais de la balançoire sur tes cernes bleuâtres qui pendent de tes pupilles bien trop dilatées que j'irais visiter bientôt. Bientôt, j'irais rencontrer le néant de tes sentiments, et je me recouvrirais de ces images que tu colles de tes mains décharnées et glacées avec des punaises rouillées sur la façade terne, ou bien trop coloré de ta matière noire et blanche, ou peut-être bien bleu et jaune, marron et âcre, ou.

On déploiera notre squelette, et sens-tu que l'hiver trottine de ses pieds enfantins sur les sentiers de mon esprit stoïque ? Le monde s'agite ou bien s'apaise, ça pèse la sensation d'une chaine qui pend au bout de ton pied. Mais quand l'envie se fait attendre, se cache et trépasse au coin d'une rue pleine de mélasses.

Que dis-je ? Que dis-je ?

Et si simplement tu pouvais me chuchoter à la commissure de la paupière toutes ces choses que je ne connais pas, plus, que je n'ai cent doutes jamais connu.