Les deux mains dans la boue qu'on s'étale sur le visage, transparent d'amertume. on retrouve les bons vieux réflexes, les bons vieux souvenirs, les bonnes vieilles douleurs au fin fond du creux du bide qui s'effondre indéfiniment sur lui-même. la rage qui rend tout vague, tout flou, tout noir, tout aveuglant. aveuglant d'obscurité, c'est un peu ça, c'est un peu ça c'est un peu ça je crois. t'es là depuis quatre heures à bouffer ta couette les yeux aspirés par le ciel dégueulasse, y a ton corps qui coule, qui embrasse le lit, qui se fond en lui. t'es là ton corps il dit plus rien, il hurle de trop de bruit au centre d'un silence cognant, sans cesse qui t'assène des putains de coups dans ta putain de gueule crispé comme à la fin d'un viol. qu'est c'que tu marmonnes au fond de tes pensées bloquées, en boucle qui t'assassine à force de se heurter à elle même. t'es qu'un creux sans échos, qu'une main coupée à 100 mètres de son corps, qu'un regard sans pupilles, qu'un putain de corps sans une putain de once de vie. t'es là t'es tellement plus rien que tu sais plus hurler, t'es tellement plus rien qu'tu sais même pas pleurer, T'ES TELLEMENT PLUS RIEN, J'TE JURE PUTAIN, QUE TU SAIS MÊME PLUS CREVER. t'es là, t'es là, t'es juste là, au fond ça non plus tu sais plus le faire, on entrerait qu'on te verrait pas tu sais, tu sais, l'immobile, l'immobile, t'as ton intérieur qui pourri, t'as la mort qui sort de ta bouche quand tu soupires. t'as un fou hystérique ultra violent qui s'acharne dans tes entrailles, à arracher les parois et à s'bouffer les bras. t'es même plus là, tu meurs de vouloir courir, d'hurler, de peindre et de t'en foutre plein les mains la gueule les pieds les murs de toutes les villes de tous ces putains de quartiers. mais t'es glacée, juste là, au coin d'une ombre à t'effacer toujours plus, à disparaitre à tout lâcher abandonner sous milles prétextes plus stupides les uns qu'les autres à tourner tourner tourner tourner tourner tourner T'ATTENDS QUOI ? t'es tellement restée là qu't'es devenue le plus faible des mollusques plus capable de rien même avec un shoot d'adrénaline, plus capable de colère, de haine, d'amour, juste plein de plaies purulentes qu'tu tripotes avec des ongles pétées. juste bonne à se surinfecter. où tu veux en venir avec tes mains dans la boue ? tu te l'étales partout, y a trop longtemps qu't'as dû y prendre gout. que veux tu que j'te dise. c'est désolant à en perdre la vue. 

personne viendra t'sauver t'entends ? personne viendra t'sauver. ils te laisseront crever en s'persuadant que c'est c'que tu veux puisqu't'as besoin d'personnes, tu dis. toujours tu dis.

qu'est c'que tu veux. ça finit toujours par la puanteur du vide.